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une descente au monde sous-terrien

qu’il ne l’aurait pas entreprise s’il avait pu prévoir jusqu’où irait la cruauté de l’épreuve.

À partir de l’oasis où Congo, se dévouant pour la jeune fille, avait si dramatiquement trouvé la mort, jamais plus un brin d’herbe ne s’était montré, sur la plaine interminable, ni une goutte d’eau, ni rien qui put faire espérer la moindre fraîcheur ou la moindre humidité. Du soleil central, une chaleur croissante était descendue sans un instant de trêve, et la lumière avait augmenté continuellement, réverbérée par un sol séché depuis le commencement des âges, cuisant les yeux des voyageurs, et ajoutant une douleur physique aiguë à la préoccupation morale qui les étreignait en n’apercevant jamais l’indice du but, l’espoir de la halte, la certitude du repos.

Bientôt les mastodontes, très chargés, mal nourris et mal abreuvés, avaient donné des signes de lassitude grave, puis d’alarmante détresse. Bientôt certains d’entre eux s’étaient couchés et rien n’avait pu les relever. On avait dû les abandonner, bornes sinistres jetées à l’immensité du désert.

Les mastodontes, cependant, n’avaient pas subi le plus cruel martyre. Ceux qui l’avaient enduré, c’étaient les Sous-Terriens, dont l’effectif avait diminué, aussi, hélas ! dans de larges proportions. Si les humains supérieurs avaient asses bien résisté à la température plus qu’équatoriale à eux imposée pendant de longues semaines, il n’en avait pas été de même des sujets de Phocas de Haute-Lignée. Ceux-ci, habitués à passer les deux tiers de leur existence dans l’eau, avaient rapidement ressenti les effets de la cruelle sécheresse. En arrivant à l’oasis, certains d’entre eux étaient déjà rudement éprouvés. Le chef de l’expédition leur avait offert de