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une descente au monde sous-terrien

che de la jeune fille, et sur les yeux, le charme pur de son regard. Mais l’épreuve dura trop longtemps pour sa bravoure, et, vers les dernier jours, elle s’alanguissait sous les attaques d’une fièvre lente.

Le petit Satrama faiblit à peu près en même temps, et l’expédition n’était pas loin de sombrer, de s’arrêter, ce qui signifiait pour elle l’anéantissement définitif, la mort planait au-dessus de tous ces êtres voués à la souffrance ; elle les guettait comme une proie assurée, lorsqu’un miracle se produisit.

Les mastodontes, qui marchaient d’une allure traînante et affaissée, relevèrent le pas et se mirent ensemble à barrir vigoureusement. Chacun s’étonna de cette manifestation inattendue, car le désert n’avait pas changé d’aspect, le sable et les roches continuaient jusqu’où la vue pouvait s’étendre, et le paysage restait aussi morne et désolé. Mais quelques heures plus tard, à l’instant ou la caravane allait s’arrêter pour la halte quotidienne, un Sous-Terrien s’écriait, du haut de l’amas de poutres où il était juché :

— La mer !

Ce seul cri mit la colonne en révolution. Les hommes inférieurs s’agitèrent ; ils tendirent passionnément les narines dans la direction du Sud, et tous répétèrent bientôt, à voix éclatante :

— La mer !… La mer !…

Ils dégringolèrent de leurs montures, et se mirent à préparer le campement habituel avec une animation joyeuse qu’on ne leur voyait plus depuis longtemps.

La mer ! c’était la vie ; c’était la fin des privations et souffrances. C’était le but !