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une descente au monde sous-terrien

Un jour, Jean Kerbiquet déclara qu’on approchait de la zone dangereuse, et défendit aux Sous-Terriens de s’écarter, de crainte qu’ils ne rencontrassent sous les flots des Kra-las isolés ou en petites troupes.

À dater de cette heure, Francken revêtit son costume de mer, qui le gênait moins parce que pendant la traversée du désert il avait légèrement perdu de son embonpoint et s’arma. On le vit sortir de la cabane où il habitait sur un des radeaux, ceint de stylets empoisonnés, auxquels il avait adjoint deux ou trois revolvers de gros calibre, un sabre où s’embarrassaient ses petites jambes, et une carabine qu’il passait d’une main dans l’autre, ce qui le gênait considérablement mais qu’il n’aurait pas abandonné pour la présidence elle-même de la République Centrale. Ce n’était plus un homme, c’était une panoplie vivante, et Wilhelmine éclata de rire en le voyant.

— Que voulez-vous faire de tout cet arsenal, docteur ? lui demanda-t-elle, puisqu’il est probable que nous n’aurons pas même à approcher l’ennemi.

— Mon enfant répondit-il simplement, on ne sait jamais ce qui peut arriver et la bravoure n’exclut pas la prudence. Que je vienne à tomber dans une embuscade de Kra-las, et mon arsenal, comme tu dis irrévérencieusement, me sauvera peut-être la vie. Tu ferais bien, toi-même, qui te moques de moi, de prendre quelques poignards et quelques revolvers. Nous sommes en temps de guerre, et les hasards sont grands.

— Merci, docteur, de votre conseil, dit Lhelma ; mais je ne le suivrai pas. À quoi me servirait d’avoir plus de cent défenseurs, si je devais combattre moi-même ?