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une descente au monde sous-terrien

Et le président ajouta, considérant la jeune fille d’un regard de profonde sympathie :

— Vous avez raison, Mademoiselle, et il ne vous servirait à rien de vous armer. Tous ces hommes, et le docteur lui-même, et moi surtout, perdrons notre dernière goutte de sang avant qu’un ennemi vous ait approchée.

Jean Kerbiquet, qui se tenait bien sur la tête d’un mastodonte, transformé en poste-vigie, sa jumelle marine à la main, cria tout à coup : « Terre ! » et donna l’ordre d’abattre les voiles. Les radeaux s’immobilisèrent instantanément.

Devant la flottille, à l’horizon, une tache crayeuse, a peu près imperceptible à l’œil nu, rompait la monotonie de la ligne des brumes. Et cette tache blanche n’était pas seule ; elle était accompagnée, au contraire, de points semblables, plus grands ou plus petits, diversement éloignés, mais qui permirent à l’œil exercé du marin de reconnaître un archipel posé sur la mer, brûlé d’une chaleur intense, et probablement situé au pôle même. C’était à n’en pas douter le séjour des Kra-las, amphibies comme les Sous-Terriens, et qui, s’ils vivent une grande partie de leur existence dans l’eau, ne peuvent toutefois se passer complètement de terre ferme.

Les humains supérieurs, pendant la halte, tinrent une sorte de conseil de guerre.

— Il nous faut, dit Jean Kerbiquet, agir avec une extrême prudence, car tout ce que nous allons rencontrer désormais nous est absolument inconnu. Van de Boot et ses compagnes sont-ils morts ou vivants ? Nous n’en savons rien, et il faut le savoir. Les Kra-las se défendront-ils sous les flots ou sur la terre ? Nous n’en savons rien, et il faut le savoir. En consé-