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une descente au monde sous-terrien

On approchait ; les contours de l’île sortirent de la brume et s’accusèrent ; rien n’y bougeait. La mer était également calme et vide, et la colonne maritime des Sous-Terriens aurait pu croire qu’elle s’avançait vers un nouveau désert, sans le rapport formel de la reconnaissance qui avait vu la demeure au toit fumant et les murailles de rochers dressés par les Kra-las.

Phocas de Haute-Lignée fronçait le sourcil ; ce calme insolite et si peu dans les mœurs des quadrumanes polaires, ne lui disait rien qui vaille.

La flotte des Sous-Terriens était maintenant, après avoir avancé pendant deux heures, à douze cents mètres environ de la côte. On en distinguait tous les détails, les falaises abruptes, les anses aboutissant à des plages où des rochers avaient été amoncelés, la petite maison des Européens dans son cadre de fougères gigantesques. Et si des êtres humains s’étaient montrés, les jumelles marines les auraient certainement découverts.

Mais, par un hasard tout au moins singulier, le paysage restait complètement vide et inerte. Ce qu’on avait sous les yeux décelait certainement le travail de l’homme, que celui-ci fût préhistorique ou actuel, mais lui, l’auteur de ce travail, se cachait avec une persistance surprenante.

Et, comme la flottille arrivait à huit cents mètres environ de la côte, toutes les anfractuosités des roches jetèrent un petit nuage de fumée blanche, et le crépitement d’une fusillade arriva jusqu’aux oreilles de nos amis, tandis que des projectiles frappaient la mer autour d’eux.

— Ils ont des armes à feu ! s’écria le président.

— Et c’est mon parrain qui les leur a données ! dit à son tour Lhelma.