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une descente au monde sous-terrien

son émotion, car il ne fallait pas éveiller leur méfiance, ni leur laisser deviner une entente avec l’ennemi. Leur intelligence était incomplète, obscurcie en quelque sorte et vouée à ne jamais dépasser une certaine limite, mais ce n’étaient pas des animaux, c’étaient des hommes, et des hommes dont les instincts sanguinaires étaient excités par la présence des Sous-Terriens. Qu’ils pussent soupçonner une trahison, un piège quelconque et c’en était fait irrémédiablement du savant et de Margaret. Les Kra-las les massacreraient en quelques instants, sous les yeux mêmes de ceux qui prétendaient les sauver.

Cependant les gigantesques quadrumanes, dont la confiance en Van de Boot était encore entière, l’écoutaient tranquillement, bien qu’avec une certaine surprise. Tout ce qu’on leur disait était nouveau pour eux. Si leur esprit avait été plus ouvert, ils se seraient inquiétés de voir que Van de Boot à son premier contact avec les Sous-Terriens, comprît leurs signaux et y répondît. Mais c’étaient des êtres absolument simples, et aucun d’eux n’eut cette pensée. Aucun d’eux ne fut assez perspicace pour voir, dans le désir du zoologue de se rendre auprès de l’ennemi, et dans son intention d’emmener Margaret, un plan d’évasion hardi. Cependant, quelques-uns demandèrent qu’une escorte armée accompagnât les humains supérieurs, pour les protéger en cas de besoin, et Van de Boot n’osa pas refuser cette escorte, de peur de laisser pressentir aux Kra-las ses véritables intentions.

Pendant ces pourparlers, qui durèrent assez longtemps, et au cours desquels les ennemis s’observèrent sans tirer un coup de feu, Margaret avait couru à la maison, fixé tant bien que