en même temps ses dépêches et ses commentaires, ce qui n’est favorable ni à la vérité ni à la littérature. Il faudra qu’avant peu, il se décide pour l’une ou l’autre besogne, qu’il se résigne à être bulletin ou chronique, à fournir des renseignements ou des réflexions, à être rédigé par des reporters ou par des écrivains. Cette indispensable séparation une fois accomplie, la presse pourra redevenir une des formes de la littérature, ce qu’elle a cessé d’être. En France, l’article quotidien qui, très souvent, roule sur un télégramme reçu la veille au soir, s’émaille de quelques traits d’esprit qui ne sauraient tenir lieu d’un raisonnement serré ou d’un style châtié. La critique, proprement dite, prend un peu plus de marge ; elle se réserve dans les gazettes une place hebdomadaire ou, mieux encore, elle se réfugie dans les revues mensuelles. Campée à mi-côte, loin des sommets où l’avait élevée un Sainte-Beuve, mais assez au dessus de la vallée pour jouir de privilèges appréciables, ses postes sont très recherchés. Les candidats-critiques sont légion et se démènent pour les obtenir ; lors même qu’ils ont du talent et de la science, ce qui est le cas pour beaucoup d’entre eux, on aperçoit à travers leurs écrits l’insuffisance
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