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de grand renom, M. Waldeck-Rousseau n’est pas seulement un homme d’une rare intelligence ; ce qui le distingue avant tout, c’est une résolution froide, une capacité de persévérance qui, une fois mises en jeu, ne cèdent devant aucun obstacle. Non seulement il n’avait pas désiré le pouvoir ministériel, mais il avait, en 1895, montré peu de zèle à recueillir la succession de M. Casimir Périer pour laquelle, aussitôt connue la démission du chef de l’État, beaucoup de sénateurs et de députés avaient mis son nom en avant. Cette fois, son attitude fut différente. Rappelé à l’Élysée et fermement résolu à donner un démenti à ceux qui le mettaient au défi d’aboutir, il constitua rapidement un cabinet dont les membres entrèrent aussitôt en fonctions.

L’étonnement causé par la composition de ce cabinet fut intense ; M. Waldeck-Rousseau, jusqu’alors opportuniste et modéré, y exerçait la présidence du Conseil avec le portefeuille de l’Intérieur ; M. Millerand, l’un des chefs du parti socialiste, détenait celui du Commerce : le général marquis de Gallifet qui avait toujours passé pour un monarchiste ou un césarien impénitent, était à la Guerre ; M. de Lanessan, un radical avancé,