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se montraient nettes et prévoyantes. Quand on exclut par avance d’un traité de ce genre toutes les questions qui toucheraient à l’honneur ou aux intérêts vitaux des deux nations, que reste-t-il, sinon ces conflits d’ordre secondaire pour lesquels l’opinion ne se passionne point et qu’un arbitrage terminerait tout naturellement sans qu’il y eût besoin de le dire d’avance et d’entretenir dans ce but le coûteux appareil d’une juridiction permanente. En toutes ces occasions — uniques dans l’histoire, car des visites interparlementaires de cette sorte n’avaient jamais eu lieu auparavant — il ne fut pas prononcé une seule parole « sérieuse ». Tout se passa en attendrissements et en poignées de mains. Cela ne doit ni surprendre ni inquiéter. Le plaisir d’abord est nouveau entre Anglais et Français. Nous avons indiqué tout à l’heure combien, au fond, la France était peu anglophobe et combien l’Angleterre, par contre, était francophile ; n’empêche que les habitudes d’esprit des deux peuples ne les portaient point jusqu’ici à se dire des aménités et c’est là ce qui a pu si longtemps donner le change sur leurs véritables sentiments. La première « entente cordiale » n’arrêta ni le sarcasme sur les lèvres