préparée pour lui, avaient bien l’air de dire aux visiteurs : voilà notre œuvre ; c’est nous qui avons fait tout cela.
Et cette prétention est justifiée sans l’être. Historiquement, ce n’est pas la Provence mais bien la Gascogne et, surtout et avant tout, la Normandie qui ont créé les traditions coloniales de la France. On ne saurait trop le répéter, la colonisation française, la vraie colonisation à la fois conquérante et commerciale, partit de là. Les Marseillais, sans doute, y apportèrent un fructueux contingent ; le goût pour le trafic aventureux se fortifia en présence des débouchés ouverts par d’autres ; les vieux instincts grecs s’étaient suffisamment maintenus sur leur sol pour que l’occasion les développât. Mais il arriva surtout que la création de l’Afrique française et le percement du canal de Suez devenu la route normale vers Madagascar et l’Indo-Chine, firent de Marseille la porte des colonies. Impossible d’y aller ni d’en revenir sans lui rendre visite et sans lui payer, au passage, une sorte de péage à la fois matériel et moral. L’exposition de 1906 qui a permis de constater que les Marseillais avaient mieux su profiter de cette situation qu’on ne le pensait généralement,