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la chronique

rateur ambitieux se fut contenté. Quant à ses poésies, il en maniait l’instrument avec une dextérité qui ne se démentit jamais. L’inspiration créatrice lui eut probablement fait défaut mais sa facilité à modeler le vers fut des plus extraordinaires ; il composait, au gré de ses amis, du Victor Hugo ou du Coppée. Ce n’étaient point des parodies puisque l’auditoire s’y trompait. Rien n’était exagéré au-delà du vraisemblable. Ce poète d’un nouveau genre s’était tout simplement assimilé la « manière » de ses célèbres confrères qui, les premiers, s’étonnaient et s’égayaient de contrefaçons si parfaites.

Ces dons piquants, primesautiers, résistèrent à merveille au traitement sévère d’une culture germanique intensive. Car non seulement Sorel fréquenta l’Allemagne, mais il y vécut et l’aima. Son grand sens patriotique ne l’empêcha pas de s’y plaire au lendemain même de la blessure profonde reçue par sa patrie. Il n’était pas obligé d’y résider si longuement ; il le fit sous l’empire d’une curiosité inlassable et il put y nouer des liens familiaux qui ne se détendirent jamais. Quand on songe à l’amour de la France dont témoigne chaque page des œuvres de Sorel et