Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
le roman d’un rallié

chacune des personnes présentes. L’heureux destinataire de la crêpe levait alors le pouce et l’index, la prenait et la repliait une première fois sur elle-même, puis une seconde, puis une troisième de façon à lui donner l’apparence d’une part de galette ; après quoi, faisant un petit salut à la fille de Perros, il enlevait le gâteau du plat et l’avalait. Étienne, en sybarite, saupoudrait préalablement sa crêpe avec du sucre ce qui détenait trop longtemps la fille de Perros, interrompait le rythme des mouvements d’Anne-Louise et faisait que la crêpe suivante était un peu brûlée.

« Ah ! monsieur Étienne, exclama la vieille femme avec dépit, vous revenez tout comme vous êtes parti ! Voilà que vous me faites encore brûler celle du père Antoine ». — « Ça ne fait rien ! observa le père Antoine ; je les aime mieux ainsi parce qu’elles sont plus légères et qu’on peut en manger davantage ». Et toute la salle se mit à rire. Les Bretons qui étaient là, vivaient d’une manière sobre le reste de la semaine, se contentant, au dîner de midi, d’une assiette de soupe et d’un morceau de lard ou de fromage.