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le roman d’un rallié

automnes. Mais, pour Étienne, l’automne est devenu un printemps. Son âme vibre d’une façon nouvelle. Il se surprend à écouter ces vibrations avec un étonnement ravi. En vérité, la naissance de l’amour vrai est bien différente de ce qu’il croyait et s’accompagne d’une exquise sensation de fraîcheur et de renouveau.

Le voici dans un tramway électrique qui glisse très vite, le long d’un fil aérien tendu à travers les rues d’Alexandria ; le véhicule est tout battant neuf, sans éraflures sur son vernis, ni taches sur ses coussins ; la petite ville, elle, est grisâtre et a l’air fatigué ; ils ne semblent pas faits l’un pour l’autre. Étienne songe à jadis, aux cavaliers à tricornes qui ont chevauché par ces rues ; il se représente l’arrivée de George Washington, venant se reposer à Mount Vernon des fatigues de sa vie officielle ; sa haute stature se silhouette, là-bas, sur la berge ; impassible et grave, il a donné un regard aux bagages que l’on débarque et puis s’approchant d’un carrosse qui attend, attelé de deux beaux chevaux lourdement harnachés, il a aidé Mme Washington à s’y installer avec sa