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projets et espérances

avaler avec une grimace la fumée d’un très gros cigare et l’avoir entendu, en chemin de fer, parler des « matières premières » comme d’une amie à lui ? Ils ont reçu, les uns et les autres, une empreinte indélébile : sans doute il y aura parmi eux de braves et honnêtes gens, des actifs, des dévoués, des intelligents ; mais du potache il restera toujours quelque chose. Le vantard préparera des révolutions ; l’inquiet les fera et l’affalé les subira.

De quoi ils causent dans leurs promenades ? Un peu de leurs examens et de leurs études, beaucoup de ce qu’ils rencontrent sur leur chemin. Vienne à passer une femme du genre horizontal, toute la bande se retourne avec des sourires et des observations non équivoques : et chacun se met alors à raconter ce qu’il n’a point fait, une vieille histoire déjà racontée maintes fois, à laquelle il ajoute sans cesse un trait nouveau. Bref, l’idée malsaine reparaît toujours ; c’est la vraie récréation ; elle alterne avec les mathématiques, avec le latin, avec tout travail. Mais l’idée n’est pas sans avoir des conséquences effectives que la surveillance ne peut arrêter ; il est certain que des faits très graves se renouvellent fréquemment. L’ennui les cause et l’anémie les reproduit. — Je me persuadais volontiers que, par esprit de parti, les lycées étaient dénigrés systématiquement et je ne les croyais pas très inférieurs aux écoles libres au point