Aller au contenu

Page:Pierre de Coubertin - L’Éducation anglaise en France, 1889.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
nos lycéens

de vue des mœurs : ils le sont. La différence au reste n’a pas de quoi rendre très fier ; à part de rares exceptions, l’ennui et l’anémie se retrouvent partout et partout aussi leurs funestes conséquences, mais à cela s’ajoute dans les lycées l’absence d’enseignement moral. Les professeurs ecclésiastiques mêlent souvent trop de religion à leur enseignement ; la plupart des professeurs laïques n’y mêlent pas assez de morale : très justement préoccupés de la partie scientifique de leur mission, à laquelle ils donnent tous leurs soins, ils se désintéressent de la conduite de leurs élèves ; cela ne les regarde pas, ce n’est pas leur partie Et le poids de cette tâche si délicate et si importante retombe entièrement sur le maître d’études ; autant dire qu’elle n’est pas remplie du tout ; le maître d’études dans les lycées n’est préoccupé que d’une chose, à savoir que l’élève ne lui manque pas de respect, respect auquel il tient d’autant plus qu’il en est moins digne.

Ainsi, voilà une étrange situation : le couvent ou la caserne ; ici on donne à mon fils une éducation étroite, là on ne lui en donne pas du tout ; ici on ne lui permet pas de remuer les paupières sans un avis de ses maîtres et là, ses devoirs faits et ses leçons apprises, on ne s’occupe plus de lui ! — On a parlé de codifier la morale… En dehors de la religion, il n’existe pas de morale à enseigner aux