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projets et espérances

enfants ; il y en a bien une pour les hommes faits, qui n’est en somme qu’une religion dont on a enlevé l’étiquette, mais sans cette étiquette les enfants ne la comprennent guère et ne l’apprennent pas. Je ne sais pas où l’on en sera dans cent ans : mais aujourd’hui il est manifeste qu’il n’y a pas d’éducation sans religion, c’est-à-dire sans l’idée de Dieu et sans la notion de la vie future ; je trouve déplorables et passablement ridicules les circonlocutions de certains professeurs qui mettent leur style à la torture pour éviter de prononcer le nom de Dieu ou de donner à penser qu’une seconde vie suivra celle-ci. D’un enfant élevé dans le pur athéisme vous pouvez faire un esprit accompli ; mais si vous en faites un honnête homme, ce ne sera pas votre faute. Or que l’on soit catholique ou luthérien, ou calviniste, ou orthodoxe, la religion n’est pas une leçon à apprendre, c’est une atmosphère à respirer. Voilà pourquoi les établissements de l’État, qui forcément reçoivent des enfants appartenant à différents cultes, doivent être des externats et non des internats ; autour se créeraient d’autres établissements laïques, catholiques, protestants, libres-penseurs même ; pourquoi pas ? il faut la liberté pour tous. Seulement on verrait bien vite la différence entre ceux-là et les autres.

Donc, à peu près du haut en bas de l’éducation française règnent l’ennui et l’anémie, ces deux