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projets et espérances

entendu de ceux que leur propre volonté a poussés hors de France et non des êtres inférieurs et dégradés dont nos colonies sont trop souvent l’asile.

La Plata est le seul pays lointain qui ait eu le don d’attirer des Français ; beaucoup de Basques s’y sont rendus et leurs affaires y ont prospéré ; dès lors, un certain courant s’est établi que des citoyens dévoués s’efforcent d’entretenir et d’augmenter ; ils ont bien vu le mal, mais le remède qu’ils proposent est un peu factice. On a écrit des livres où l’existence de là-bas est dépeinte sous des couleurs séduisantes ; on a fondé une Revue pour servir les intérêts de cette œuvre de colonisation ; on a fait des conférences et, sous diverses formes, de pressants appels ont été adressés à la jeunesse. Cela est, je le répète, un peu factice ; à quoi bon les envoyer si loin ces hommes s’ils n’ont pas les qualités nécessaires pour y réussir ? vous parvenez bien à leur insuffler l’énergie pour y aller, mais pouvez-vous en même temps leur donner la persévérance pour y rester ? Et y rester n’est pas tout ; s’ils doivent végéter, traîner une existence difficile et malheureuse, leur départ est à tout le moins parfaitement inutile. — Il existe peut-être en réalité et certainement dans les désirs de certaines personnes une école de colonisation destinée à atteindre le même but avec des moyens très puis-