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Page:Pierre de Coubertin - L’Éducation anglaise en France, 1889.djvu/184

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projets et espérances

tique ; mais que l’on puisse de loin pénétrer la vie d’un peuple, décrire ses mœurs, ses usages, ses habitations… cela est-il compréhensible ? Je me déclare de la catégorie de ceux qui ne savent la géographie d’un pays que lorsqu’ils l’ont parcouru ; les récits de voyages que j’ai faits ou que je dois faire me passionnent ; les autres m’ennuient. Ceci peut être personnel : ce qui ne l’est pas, c’est l’influence extraordinaire qu’exerce le voyage sur l’intelligence et sur le caractère. Cette influence se traduit de deux façons : par des connaissances et par des idées. Quelque importantes que puissent être pour l’avenir d’un homme et particulièrement d’un très jeune homme, les connaissances directes qu’il rapporte d’un voyage, les idées que ce voyage a fait indirectement naître en lui le sont bien davantage. Or le Français est apte à généraliser, à voir d’ensemble ; ses jugements, surtout quand il manque d’expérience, peuvent être un peu superficiels ; il ne descend pas assez au fond des choses pour en rapporter toujours une impression bien exacte ; mais ce qu’il voit lui ouvre des perspectives nouvelles ; tout un monde d’idées lui est révélé ; mille réflexions traversent son cerveau ; mille comparaisons s’imposent à lui ; entre autres bons effets il en résulte pour lui l’impression que le monde n’est pas uniforme, que les questions ont plusieurs aspects et que les solutions ne sont jamais uniques.