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Page:Pierre de Coubertin - L’Éducation anglaise en France, 1889.djvu/186

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projets et espérances

vos fils, vous détruirez en grande partie l’effet du voyage ; ils se sentiront soutenus, se reposeront sur vous du soin de tout combiner, n’éprouveront aucune inquiétude, ne se trouveront aux prises avec aucune difficulté et, n’ayant pas à régler leurs comptes, n’ouvriront leurs bourses que pour acheter des bibelots et des photographies. La même chose arrivera si l’on organise une caravane : d’abord c’est dangereux ; entre jeunes gens, même à l’étranger, on se monte la tête et on fait des folies ; et puis il y en a toujours un qui domine les autres, dirige tout, fait les comptes, déclare si telle expédition est possible ou non. — Si votre enfant est un peu mouton et que vous ayez des craintes en le laissant aller seul, donnez-lui un compagnon, mais prenez-le également parmi les moutons, afin qu’ils soient deux à se conduire et que l’un ne conduise pas l’autre. Certains papas britanniques ont opéré parfois de la façon suivante et n’ont sans doute pas eu à s’en repentir ; à dix-huit, dix-neuf, vingt ans, ils ont remis à leur garçon un capital de 10 000, 15 000, 20 000 francs placé d’une façon quelconque, en exigeant de lui sa parole d’honneur qu’il ne dépenserait cet argent qu’à l’étranger. Le jeune homme a dû alors choisir une contrée à visiter, réaliser la somme nécessaire en vendant les actions ou obligations, et partir de son pied léger avec le souci de tirer de sa bourse le meil-