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à l’école monge

Eh bien, même pour ces batailles-là, la vie nouvelle que nous vous proposons est le meilleur entraînement. Les Anglais le savent bien, eux ; beaucoup de vos maîtres ici le reconnaissent également.

Il y a chez tout enfant qui n’est ni maladif ni trop efféminé un sentiment qui le pousse toujours à se montrer plus âgé qu’il n’est ; s’en donner l’illusion à lui-même, surtout en donner l’illusion aux autres : tel est son rêve. En réalité, l’effet qu’il produit sur ses voisins est généralement tout autre que l’effet qu’il croit produire, et cela tient à ce que l’enfant copie l’homme d’une manière gauche et imparfaite, n’apercevant de sa nature que les saillies, incapable de mettre de la suite et de la logique dans son imitation. Vous entendez bien que je ne parle pas du baby de trois ans qui, voyant son papa fumer, se fait une pipe avec un morceau de bois : je parle de cet instant où naît ce qu’on appelle la pose ; je parle du petit jeune homme qui ne songe qu’à la nuance de sa cravate ou à la coupe de sa jaquette, et plus encore du petit jeune homme qui connaît la vie il dirait volontiers, par expérience. Sa science s’étend des chevaux de course célèbres aux actrices en vogue ; sa conversation est émaillée de calembours et de plaisanteries à double sens qu’il croit avoir inventés et que plus d’une génération a connus avant lui ;