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Page:Pierre de Coubertin - L’Éducation anglaise en France, 1889.djvu/66

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à l’école monge

d’être persuadés que ce changement radical, — et qui, à vous, peut paraître brusque, — que ce changement, dis-je, ne cache aucune arrière-pensée, qu’il n’a pas été inspiré par une anglomanie futile, que depuis longtemps il a été préparé et mûri, qu’il est fait dans le seul dessein d’un mal à réparer et d’un bien à produire. Acceptez-le donc franchement ; tout vous y engage, mais principalement les trois motifs suivants : le premier, c’est l’agrément que vous en retirerez ; les exercices sportifs sont la source — ignorée par beaucoup d’entre vous — de jouissances exquises ; quand vous en aurez goûté, on ne parviendra plus à vous en détacher ; la danse, le théâtre, le bal de l’Opéra, les Folies-Bergère et le café de la Paix n’entreront plus en comparaison avec le cricket, le tennis ou le canotage ; c’est dans la pratique de ces exercices que vous éprouverez cette sensation indéfinissable que l’on a appelée : la joie de vivre. Ces mots en traduisent-ils exactement l’impression ? Je ne crois pas qu’aucun accouplement de mots puisse le faire ; celui-ci est pourtant le plus juste, car il donne bien l’idée de la vie physique plus intense, de la vie intellectuelle plus active Que vous fendiez les flots de l’Océan ou que d’un vol rapide vous glissiez sur un miroir de glace, que vous teniez la rame ou le fusil, vous sentirez passer en vous un frisson délicieux, non pas celui qui donne la mort et dont