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Page:Pierre de Coubertin - L’Éducation anglaise en France, 1889.djvu/83

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sport, liberté, hiérarchie

d’eau douce, sécha son pantalon, et le directeur n’eût rien su de l’aventure si le coupable lui-même, avec une entière franchise, n’était venu s’accuser de son étourderie. » C’est parfait ! Mais la faute n’avait rien de bien sérieux et surtout rien d’humiliant. Il peut se passer des faits plus graves et alors quel doit être le rôle des capitaines ?

L’action de cafarder est haïssable, mais elle suppose une démarche clandestine ou une vengeance ; or le capitaine est un sous-chef qui fait le rapport à ses chefs ; il ne se cache point et remplit ouvertement ses engagements ; ses camarades l’ont choisi : il n’y a rien là dedans qui ne soit conforme à la justice et à l’honneur. Je crois donc que l’autorité des capitaines en s’affermissant devra se compléter et que l’éducation en s’émancipant se hiérarchisera franchement. Sport, liberté, hiérarchie, toutes ces choses se tiennent. Point de jeux pour des enfants tenus en laisse et point de liberté possible si une part d’autorité n’est pas dévolue aux plus grands. Mais cela ne souffre pas autant de difficultés qu’on se l’imagine ; ce qu’ils n’acceptent pas d’un surveillant, les élèves l’acceptent d’un des leurs, élevé par son mérite, mais sorti du rang. « Tu es bien plus embêtant que le pion », ai-je entendu dire à un élève ; ce qui ne l’empêcha pas d’obéir et de renommer son « délégué » quelque temps après.