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à l’école monge

Et le duel ? ce duel scolaire anglais dans lequel les capitaines jouent souvent le rôle de pacificateurs, mais quelquefois aussi celui de régulateurs du combat qu’ils autorisent en y assistant ? Un chroniqueur, qui fait paraître en ce moment dans un grand journal parisien des études sur les jeux scolaires d’outre-Manche, s’exclame contre le caractère dangereux et brutal du foot-ball, et on voit que le cricket n’a pas ses sympathies ; en revanche, il porte aux nues le noble art de la boxe et termine par ce vœu extraordinaire : « Il faudrait, dit-il, que le duel pugilistique devînt, en certains cas et entre grands élèves, obligatoire dans nos écoles comme le duel au sabre l’est dans nos régiments. » Voit-on, sur l’ordre du proviseur, deux rhétoriciens, le torse nu, conduits dans la grande cour et tout le lycée assistant solennellement à la lutte ! Ce serait purement grotesque. Non ! les enfants se querellent et se battent ; on ne peut pas l’empêcher et cela a son utilité ; quand il y a des capitaines, ils parviennent à régler à l’amiable bien des différents, et, s’ils ne le peuvent pas, ils dirigent le combat de leur mieux ; ce qu’il importe, c’est que les enfants ne soient pas lâches et ne se refusent pas à l’échange d’un coup de poing, et c’est aussi que leurs poings soient en bon état de défense ; mais jamais l’autorité ne doit donner son approbation formelle à cet état de choses, et, quant