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pédagogie sportive

muscles de mauvaises habitudes. À éviter aussi la cordelette tendue pour le saut en hauteur ; jamais complètement horizontale, elle habitue l’œil à de fausses évaluations. Quant au saut « à pieds joints », sa valeur éducative est des plus discutables.

Le lancer comporte trois phases : la prise, la pose, la détente. De la façon dont l’objet à lancer se trouve placé dans la main et de l’attitude du lanceur au moment où la détente va s’effectuer dépend en grande partie le degré de la force de propulsion. Aussi ce sport exige-t-il beaucoup d’expérience personnelle. C’est à chacun, tout en observant les règles générales dont l’application est nécessaire à trouver la formule personnelle conforme à sa structure particulière et capable d’assurer avec l’aide de l’entraînement, le meilleur rendement. Le lanceur procède donc par tâtonnements et doit beaucoup s’observer et se contrôler ; il n’a d’ailleurs rien à craindre de ses nerfs spectateurs presque indifférents de son geste. ▬ Nous avons pris aux Anciens l’usage de lancer le disque et le javelot ; les Anglais y ont ajouté le lancement du poids, grosse boule de métal, pesant un poids déterminé. Jusqu’ici on a laissé de côté le lancement de la corde ou lasso, aussi utilitaire que corporellement éducatif ; le lasso se manie très diversement, de haut en bas, de bas en haut, obliquement, etc. ▬ Tous ces lancers[1] se font sans viser et de pied ferme : c’est la règle. Double erreur. On devrait avoir des concours de lancer au visé avec la balle sur une cible et au lasso sur un but, immobile ou non.

  1. On pourrait citer encore le lancement de la fronde que le « marteau » américain, sorte d’amusement d’hercule, ne saurait remplacer.