Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
la préface des jeux olympiques.

délégué, M. Bikelas ; ils lui en savaient gré ; son nom seul, du reste, leur donnait confiance. Mais l’été avait passé sur cette résolution et l’on découvrait maintenant à l’entreprise des obstacles qui semblaient insurmontables. Le chef du gouvernement, M. Tricoupis, ne cachait pas son sentiment. La Grèce, disait-il, devait décliner l’invitation : elle n’avait pas les ressources suffisantes ; les eut-elle trouvées qu’il lui eût fallu renoncer à les utiliser ; était-ce à l’heure où les finances du royaume jouissaient à l’étranger d’une si fâcheuse réputation, que la Grèce pouvait se mettre en frais ? Toute l’argumentation du président du Conseil se résumait en ces deux propositions. Autour de lui on s’exagérait singulièrement les dépenses que devait occasionner la solennité ; certains parlaient de dix millions et ce chiffre décourageait nos plus chauds partisans.

Mais là-bas tout devient question de parti ; on se mit à « politiquer » sur le rétablissement des Jeux Olympiques et l’opposition n’eut pas de peine à trouver des arguments favorables. À mon arrivée la discussion était ouverte, les journaux prenaient position, chacun disait son avis. J’avais croisé sur mer la lettre officielle destinée à rendre mon voyage inutile ; il y était dit que « conscients de la faiblesse des moyens dont dispose actuellement le peuple grec, pénétrés de la conviction que la tâche dépasse ses forces », les délégués préposés à l’examen de la question « n’avaient pas eu la liberté du choix » en repoussant « l’offre généreuse » du Congrès de Paris.

Oh ! ces premières journées passées sur la terre