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pas faits pour contribuer au développement de l’Hellénisme dans tous les domaines de la pensée et de l’art ». En fait, ils eussent été complètement absorbés sans Sparte, ce sinistre réduit de la barbarie dorienne laquelle, sous l’effort de législateurs excessifs, s’y concentra et s’y consolida. Sparte fut une fondation tardive, car elle s’édifia sur les ruines d’Amyclées soumise seulement en l’an 740. Elle constitua le seul État terrien, le seul État sans rivages parmi ceux qui dominèrent le monde grec. Elle fut aussi le seul État anti-grec dans son essence. Elle vécut pour le péril incessant de l’Hellénisme que pendant des siècles elle menaça — et que, finalement, elle frappa par derrière.

La poussée des tribus illyriennes — s’exerçant de l’ouest vers l’est — avait eu pour effet de « jeter à la mer » les Hellènes. Ceux-ci s’étaient maintenant accoutumés à la navigation. En face d’eux, de l’autre côté de la mer Égée, existaient des richesses attirantes pour leur commerce naissant. Là, se trouvait ce royaume de Lydie dont Sardes était la capitale et dont l’histoire est dominée par le nom de son dernier roi, Crésus. Malgré bien des emprunts à la civilisation babylonienne, les Lydiens avaient de fortes tendances hellénistiques et leurs regards étaient tournés vers l’Archipel. Tout cela favorisa la création sur la côte d’Asie de nombreuses colonies hellènes. On a prétendu à cet égard, distinguer les colonies « éoliennes » des « ioniennes » : simple question de dialectes. La vérité est que de même que l’esprit dorien eut sa citadelle en Laconie, ce furent l’Attique et l’Eubée qui incarnèrent cette quintessence d’hellénisme qu’on a appelé l’esprit ionien. Au ixe siècle, les