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prix de sa victoire. Au même moment, les Athéniens rentraient couverts de gloire dans leur cité dévastée. Les maisons en étaient détruites. Thucydide dit que « seules restaient debout celles qu’avaient occupées les commandants et chefs perses ». De leur côté, les femmes et les enfants transportés à Trézène quittaient cette ville qui les avait bien reçus. Plutarque conte que, sur l’initiative d’un citoyen, un décret avait été rendu autorisant les enfants à cueillir librement des fruits dans la campagne pour adoucir en eux l’amertume de l’exil et de la séparation. À ce trait charmant comme aux conditions de la paix d’Himère, ne reconnaît-on pas la fleur magnifique de l’hellénisme qui s’épanouissait ?

Sparte sortait de la guerre frappée d’une double déchéance. Jusqu’alors sa valeur militaire avait été incontestée. On admettait sa force à l’égal d’un dogme. Or, non seulement ses troupes n’avaient participé à une lutte dont rétrospectivement le caractère panhellénique s’accusait de façon nette, qu’avec intermittence et mesquinerie, mais sur le terrain stratégique comme sur le terrain technique, elles avaient révélé une réelle infériorité. C’était l’armée d’Athènes composée d’« entraînés individuels » — de sportifs, pourrait-on dire — qui avait innové à Marathon en chargeant au pas de course à la stupeur de l’ennemi ; c’était elle qui, à Platées, avait fait preuve d’une discipline et d’une bravoure combinées qu’on n’attendait point sinon de troupes de métier. C’était sa flotte enfin, sa magnifique flotte hâtivement construite à qui revenait l’honneur d’avoir, à Salamine, brisé l’or-