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gueil de l’agresseur. Et chez les chefs — non point des professionnels, mais des gens d’affaires, des commerçants, des hommes politiques devenus généraux d’occasion — quel instinct de la bonne manœuvre, quelle promptitude à se décider, à apercevoir et à saisir l’occasion favorable ! Sparte s’en trouvait diminuée d’autant ; mais ce n’était pas tout. Ces lauriers rutilants venaient orner le chef d’une démocratie du caractère le plus libéral et dont le libéralisme continuait de s’accentuer, bien loin que la guerre eût déterminé chez elle la moindre réaction. Diplomatiquement, commercialement, intellectuellement, Athènes faisait preuve d’une intelligence, d’un équilibre, d’une sagesse, d’une hauteur de vues qui contrastaient grandement avec la médiocrité dont, à tous égards, témoignaient au même moment les gouvernements oligarchiques et celui de Sparte, en premier lieu.

La période qui s’étendit pour Athènes de la déroute perse à l’agression spartiate ne fut pas longue : cinquante années seulement (480-431). Mais ce demi-siècle qui marqua le plus haut sommet atteint par l’Hellénisme est, du point de vue des enseignements qui en découlent, le plus instructif à méditer. On lui a injustement donné le nom de Périclès : hommage rendu à l’éloquence exceptionnelle d’un citoyen que distinguaient en même temps son désintéressement, son dévouement à la chose publique et sa grandeur d’âme. Mais on relègue ainsi dans une ombre injuste les hautes figures de Thémistocle, d’Aristide, de Cimon… et de beaucoup d’autres moins en vue qui travaillèrent avec eux à l’œuvre commune. C’est cette œuvre qu’il convient d’honorer ; à travers l’éclat collectif dont