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elle rayonne demeurent perceptibles les imperfections de chacun de ceux qui s’y sont employés en sorte qu’elle fournit à la fois une leçon et une espérance en montrant quels sont les possibilités et les périls de la liberté associée à la culture. Athènes reconstruite, agrandie, couverte de monuments avec son annexe nouvelle, le Pirée où derrière de solides remparts s’abritait une population nombreuse dont l’activité commerciale augmentait la richesse générale — un gouvernement issu de la volonté populaire et placé sous le contrôle absolu des citoyens — une armée et une marine vraiment nationales où tous étaient fiers de servir et dont la valeur technique égalait l’élan moral — une floraison artistique et littéraire enfin qui groupait autour d’un architecte comme Ictinos, d’un sculpteur comme Phidias, d’historiens comme Hérodote et Thucydide, de poètes dramatiques comme Eschyle et Sophocle, de philosophes comme Socrate, des élèves dignes de les comprendre et de les imiter, c’étaient là des éléments de prestige qu’aucun État n’avait encore su réunir. Le monde grec fut frappé d’admiration. Athènes en devint le centre ; et non point seulement le centre intellectuel, mais le centre matériel. La confédération à la tête de laquelle elle se trouva placée et qui avait pour objet d’assurer la défense commune contre l’éventualité d’un retour offensif des Perses, ne compta pas moins d’un millier de villes et, dit Curtius, la mer Égée devint à ce point athénienne que l’apparition de la moindre flotille spartiate y était considérée presque comme une violation de frontière. Cette situation aurait-elle pu durer ? Et pourquoi non ? Mais il y eut fallu beaucoup de prudence et une