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Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/38

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certaine modestie. Périclès, quoiqu’on en ait dit, manqua parfois de l’une et de l’autre. Maître de l’opinion, il eut pu la mieux diriger. La main-mise sur le trésor de la confédération et son transfert de Délos, où en était le siège social, à Athènes fut une des plus grandes fautes qu’on pût commettre. La prétention de faire juger par les tribunaux athéniens les différends entre alliés en fut une autre. Lorsque Périclès voulut provoquer la réunion d’un grand congrès panhellénique pour délibérer « sur les moyens propres à garantir à tous la sécurité de la navigation et à assurer la paix », il ne comprit pas qu’un tel congrès, pour réussir, devait se tenir en terrain neutre et non à Athènes.

Sparte, pendant ce temps, sentait grandir sa jalousie et son inquiétude, mais elle était plus inquiète que jalouse. Plaçant la force au-dessus de tout, elle éprouvait un certain respect pour celle dont Athènes s’était révélée capable. Par contre, les institutions athéniennes lui faisaient l’effet d’un redoutable fléau. En voyant s’étendre les privilèges octroyés à la foule et diminuer les attributions de l’ancien Aréopage au profit de l’assemblée populaire, en voyant les dernières classes sociales avoir place au théâtre, aux Jeux, aux cérémonies publiques et chaque citoyen recevoir une indemnité pour l’accomplissement de ses devoirs militaires, les aristocrates spartiates frémissaient. Ils n’étaient plus qu’une poignée. En plus des « Ilotes », il y avait autour d’eux, ceux qu’on appelait les « amoindris », bâtards, cadets déshérités, esclaves affranchis… toute une population qui disposerait bientôt d’assez de ressources pour réclamer ses droits. Sparte se