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décida donc à tenter d’abattre sa rivale avant que son propre prestige militaire ne fut totalement éclipsé et que les détestables principes de la démocratie athénienne n’eussent achevé de pénétrer partout. Et telle était encore la peur qu’elle inspirait à ses voisins immédiats qu’ils firent cause commune avec elle, tandis que çà et là, dans le reste de la Grèce des villes dominées par le parti oligarchique se déclaraient en sa faveur. Ainsi fut déchaînée la guerre sacrilège.

La première période (431-421) se déroula sans résultat et aboutit à une paix blanche. Mais alors Athènes fut en proie aux dissensions. Ses aristocrates, d’abord modérés et demeurés constitutionnels, se laissèrent entraîner à de coupables entreprises. Alcibiade, après Cléon, compromit l’équilibre. Une aventureuse intervention en Sicile se termina par un désastre (413). Aussitôt, Sparte reprit les armes, enhardie. Elle ne craignit point cette fois de s’allier aux Perses et leur dût le succès final. La haine l’inspira seule dans sa façon d’en user. Elle renversa partout les institutions populaires et y substitua des oligarchies de dix membres appuyés par un gouverneur et une garnison spartiates. Les « trente tyrans », auxquels Athènes fut livrée rasèrent ses murailles et brûlèrent ses trirèmes au son des flûtes. Partout il n’y eut que meurtres, spoliations, bannissements. « Ce fut, dit Croiset, un véritable régime de terreur où les passions les plus violentes et les plus basses se donnèrent libre cours. » Les événements de ce temps sont demeurés longtemps obscurs grâce à Xénophon. Il a fallu que la critique moderne se rendit compte du peu de créance mérité par