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PINDARE.

Le canevas uniforme de l’ode pindarique se compose de quatre parties, savoir : l’éloge du vainqueur, celui de sa famille, celui de sa patrie, celui des dieux protecteurs des jeux et dispensateurs de la victoire. Pour animer, pour diversifier sa matière, pour lui donner la forme et la vie, Pindare a recours aux trésors des légendes mythologiques ; il rappelle les antiques traditions ; il adresse à son héros des leçons et des conseils ; il fait des vœux pour son bonheur ; il sème çà et là les maximes ; il invoque les dieux ; il vante son art et parle de lui-même. Ces éléments se mêlent dans des proportions diverses, mais non point au hasard : la raison qui a fait préférer telle combinaison à telle autre est toujours assez facile à deviner ; et il n’est nullement téméraire de prétendre que l’on connaît les grandes directions de la pensée de Pindare. Ainsi, ou le poëte se borne strictement à l’éloge du héros et à ce que comporte la donnée commune de l’ode, et alors le plan est d’une parfaite simplicité ; ou bien à cet éloge il mêle des développements épisodiques, et le plan est complexe : il y a un sujet direct, un ou plusieurs sujets accessoires, et une pensée générale qui fait l’unité du tout.

Presque toujours Pindare annonce, dès le début, le sujet de son chant, le genre de la victoire, le nom du vainqueur. Des récits de divers genres, religieux ou épiques, remplissent ordinairement le milieu, et forment une portion considérable, quelquefois la plus considérable, de l’œuvre totale. Les louanges du héros reparaissent à la fin, et servent de conclusion. Ce n’est que fort rarement qu’on voit l’hymne se terminer en épisode.


Épisodes pindariques.


Les épisodes ne sont point, comme on l’a trop répété, des ornements poétiques ajoutés sans autre raison que leur beauté, et destinés simplement à parer la nudité du sujet. Souvent les héros dont Pindare mêle le souvenir aux louanges de son vainqueur sont ou les ancêtres mêmes dont ce vainqueur prétend descendre, ou les fondateurs de sa ville natale, ou les instituteurs des jeux dans lesquels il a triomphé de ses rivaux. Il n’y a pas une ode en l’honneur d’un vainqueur