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THÉOLOGIENS ET PHILOSOPHES POËTES.

leur maître. Une étroite affinité les unit bientôt aux théologiens orphiques, avec lesquels on les trouve confondus pendant tout le cinquième siècle, et avant que le système des nombres revécût chez les pythagoriciens spéculatifs de l’Académie.

Il est possible que le petit poëme intitulé Vers dorés, qui nous est parvenu sous le nom de Pythagore, ait été composé par quelqu’un des mêmes poëtes qui nous ont laissé les plus beaux hymnes orphiques. Cet abrégé de morale n’est pas moins excellent par le style que par les idées. Toutes les qualités que comporte ce genre sévère, et même une sorte de vivacité gracieuse, distinguent éminemment les Vers dorés entre toutes les compositions analogues. C’est un vrai poëte qui a fait ces vers ; c’est surtout un homme de bien, sentant ce qu’il dit, et dont les leçons ont un pénétrant parfum d’honnêteté naïve et sérieuse. Ce n’est pas un faussaire des bas siècles, qui eût écrit ce passage d’une simplicité et d’une beauté vraiment antiques : « N’accueille pas le sommeil sur tes yeux appesantis, avant d’avoir examiné par trois fois chacun des actes de ta journée. Par où ai-je péché ? qu’ai-je fait ? quel devoir ai-je négligé d’accomplir ? Reprends ainsi tous tes actes l’un après l’autre ; puis, si tu as fait quelque chose de honteux, gourmande-toi toi-même ; si quelque chose de bon ; réjouis-toi. Tels doivent être tes efforts, telle doit être ton étude. Voilà ce qu’il te faut aimer, voilà ce qui te mettra sur les traces de la vertu divine. Oui, j’en jure par celui qui a doué notre âme du principe de justice ; j’en jure par la source de l’éternelle nature ! »