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PREMIÈRES COMPOSITIONS EN PROSE.

commencé à mouvoir, par ce mouvement toutes choses se distinguèrent ; et, autant l’esprit mouvait, autant se distinguaient toutes choses ; et, plus le mouvement s’opérait en séparant les choses, plus il devenait puissant à les séparer. »


Autres philosophes.


J’aurai indiqué, si je ne me trompe, tout ce qui regarde l’histoire littéraire dans les compositions en prose des premiers philosophes, si j’ajoute à ce qui précède que Diogène, d’Apollonie en Crète, avait écrit un traité de la Nature en dialecte ionien ; que Mélissus de Samos paraît avoir traduit en prose ionienne les doctrines que Xénophane et Parménide avaient exposées en vers ; enfin, que Zénon d’Élée, disciple et ami de Parménide, avait développé les mêmes doctrines dans un ouvrage aussi en prose, où il s’attachait surtout à justifier la philosophie éléatique de sa discordance avec les opinions vulgaires. L’école pythagoricienne ne faisait point usage de la prose. On cite pourtant un livre de Philolaüs, qui fut un des maîtres de Platon. Stobée en a conservé une page, d’un style fort obscur, et où il y a des choses passablement bizarres. Philolaüs écrivait en dialecte dorien.


Logographes.


A côté de ces hommes, différents d’esprit et de talents, qui avaient essayé d’exprimer, dans la langue de tous, les rêves de l’imagination ou les spéculations de la pensée, il y en avait d’autres qui s’adressaient non plus au sentiment ou à la raison, mais à la curiosité, et qui aspiraient à donner à leurs concitoyens des annales véridiques, purgées des mensonges forgés autrefois par la fantaisie des poëtes. Ces historiens, si l’on peut les nommer ainsi, ces logographes, comme les appellent les anciens, ces collecteurs de traditions et de légendes, ne réussirent guère qu’à remplacer des fables par d’autres fables ; mais ils façonnèrent peu à peu la langue ionienne aux allures de la narration suivie, comme les philosophes la façonnaient à celles de l’argumentation et