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CHAPITRE II. LA POÉSIE GRECQUE AVANT HOMÈRE.

et leurs œuvres. Lucrèce disait, en parlant d’Épicure : « Son génie a éteint toutes les étoiles, comme le soleil quand il se lève et monte dans les airs[1] ». Cette magnifique image, si fausse dans l’application qu’en fait le poëte, eût pu admirablement caractériser l’effet produit par Homère.



CHAPITRE III.

LES RHAPSODES.


La cithare, la phorminx et la lyre. — Récitation poétiques. — Les Rhapsodes. — La Rhapsodie. — Décadence des Rhapsodes. — Transmission des compositions poétiques. — Antiquité de l’écriture chez les Grecs.

La cithare, la phorminx et la lyre.


Les aèdes chantaient en s’accompagnant d’un instrument à cordes. C’était une sorte de luth d’une extrême simplicité. Autant qu’on peut en juger par les descriptions d’Homère, ou plutôt par les traits rapides dont il le caractérise, ce luth avait deux branches, dont la partie supérieure se courbait en dehors et retombait en s’arrondissant. Le fond de résonnance, sur lequel reposaient les deux branches, était une boîte oblongue, de forme rectangulaire, qui permettait de placer l’instrument debout. Il y avait en haut un joug, ou traverse de bois, qui réunissait les deux branches, et en bas une autre traverse analogue. Les cordes étaient tendues au moyen de chevilles ; mais les chevilles étaient toujours en haut, plantées dans le joug. Homère donne habituellement à ce luth le nom de cithare ; mais ce qu’il dit de la phorminx prouve que ces deux instruments différaient peu l’un de l’autre. La phorminx, vu son nom, semble avoir été une cithare plus portative. Homère confond même leurs noms. Ainsi il dit d’ordinaire cithariser avec la phorminx, si l’on me permet de

  1. La Nature, livre III, vers 1057.