Page:Pinard - F. de Lesseps, 1883.djvu/13

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longuement pour assister aux vicissitudes de la Fortune et jouir de ses retours ? Percer l’isthme de Suez ! Quel horizon ! Mais combien d’années pour l’atteindre ? Quel surprenant bonheur ce serait de pouvoir, à cinquante ans, recommencer sa vie, et de la consacrer à un dessein grandiose, avec la force assurée par l’expérience du passé, avec la hardiesse inspirée par la foi dans l’avenir.

Quand Abbas pacha meurt (1854), quand l’ami de jeunesse Mohamed Saïd, fils de Mehemet-Ali, est proclamé vice-roi d’Égypte, aussitôt M. Ferdinand de Lesseps s’embarque et va le féliciter ; il emporte réellement dans sa valise le canal de Suez et, aux abords d’Alexandrie, pourvu que la nuit soit un peu rêveuse, il doit s’étonner que le paquebot n’entre pas tout droit dans le canal, déjà construit, puisqu’il est conçu. Cette confiance dans l’entreprise par cela même qu’elle est entreprise, ne le porte pas à négliger la surveillance des forces ambiantes exploitables. Sceptique au fond, il est trop diplomate pour ne pas jouer des croyances, si diverses ; il trouve des encouragements dans la Bible, mais il ne faut pas croire pour cela que le Coran