Page:Pinard - F. de Lesseps, 1883.djvu/24

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illégitime de la politique anglaise, il faudra que la Compagnie se résigne à abandonner la construction du canal, à rembourser les actionnaires, à abdiquer, au grand détriment de la considération et de l’influence de la France en Orient.

L’Angleterre, voyant imminente la réunion générale des actionnaires prête à procéder à la constitution officielle de la Société, pousse le sultan à déléguer Mouktar bey qui envoie en Égypte des mesures prescrivant la suspension de tous travaux sous le délai de quatorze jours. Si les travailleurs des chantiers s’obstinent on les dissoudra par les armes. M. Sabatier, consul de France, acquiesce aux ordres de la Porte et menace les travailleurs des conséquences fâcheuses de leur résistance possible. M. de Lesseps est à la Chesnaie dans le Berry. Il atteint donc l’heure souhaitée depuis cinq ans. Ce n’est pas un projet, c’est une question de fait qui va être portée devant le tribunal de la politique européenne. Et il ajoute gaiement, l’optimiste, qui est un sage : « Si j’avais un million à ma disposition, je le consacrerais à acheter immédiatement, au pair, des actions du canal de Suez ; mais malheureusement ma