Page:Pinard - F. de Lesseps, 1883.djvu/30

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Est-ce un général, ce personnage esthétiquement serré dans sa redingote noire, décoré, le chapeau incliné vers l’oreille, carré des épaules, le port militaire, la taille bien prise, marchant d’un pas relevé, un gant à la main, sans canne ?

Il sort de l’institut, traverse les Tuileries et gagne la rue Saint-Florentin. Le voici au milieu d’une petite Égypte en plein Paris, dans son salon. Femmes, fleurs, flambeaux l’entourent de parfums et de lumière, et c’est l’atmosphère qui lui sied quand il ne se dilate pas au grand air libre. On s’étonne de voir les traits de ce familier du soleil si légèrement bronzés, le front même est très-blanc ; sa puissante rondeur est caressée délicatement par des chevaux d’argent fin, moitié longs, et parmi lesquels semble passer une caresse de brise qui les soulève aux tempes ; les sourcils noirs encore, la paupière aux lourdeurs surplombantes de ceux qui plongent souvent leur regard dans les perspectives lointaines abritent des yeux lumineusement sombres ; de cette prunelle d’onyx noir, d’une intensité non point flamboyante, mais sourdement chargée d’éclats et de reflets, émane une profonde lueur de force douce, de vigueur reposée. Le