Page:Pinard - F. de Lesseps, 1883.djvu/34

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C’est l’époque où la diplomatie anglaise fait encore des siennes, mais des meilleures. Le khédive Ismaïl vient de vendre pour 100 millions la plus grande partie de ses actions à l’Angleterre. Si quelqu’un n’en est pas surpris, c’est M. de Lesseps. Nous avons sous les yeux un compte de mai 1860 où le khédive Mohammed est porté comme possesseur de 177,642 actions. L’agent anglais lui reproche son imprudence, le danger qui menace son Trésor, obligé de se libérer de cette grosse somme. Et si pourtant l’Angleterre parvient à empêcher l’exécution du canal ? Et Mohammed lui répond qu’il a échelonné ses payements et que, le canal fait, tout le monde viendra lui demander des actions, les Anglais les premiers, et qu’alors il leur en revendrait avec de gros bénéfices.

Le projet du canal interocéanique de Panama est pour M. de Lesseps comme un enfant adoptif. Il ne l’a ni rêvé ni conçu. On le lui a soumis. Il l’a examiné, revu et corrigé. Avant tout, pas d’écluses et la tranchée à ciel ouvert. Sa tournée de Panama a montré qu’il était aussi jeune à soixante-treize ans qu’à cinquante. Il a voulu soulever 800 millions en