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PINOLIE.

Pincecul, ce reproche, est-ce à toi de le faire ?
Si j’agissais ainsi, n’est-ce pas pour te plaire ?
N’est-ce donc pas à toi que toujours je donnais,
Sans rien garder pour moi, l’argent que je gagnais ?
Et c’est après m’avoir élargi la matrice,
Après m’avoir donné vingt fois la chaudepisse,
Qu’il ose effrontément me blaguer aujourd’hui,
Et m’avouer enfin que je ne suis pour lui
Qu’un pot de chambre !… Oh ciel ! que ma vie est affreuse !
Avec Cruche, autrefois, j’étais bien plus heureuse :
Il ne me baisait pas, parce qu’il est châtré,
Non, mais adroitement, je m’étais procuré
Certain godemichet qui faisait mon affaire…
Mon dieu ! jusqu’à seize ans, quand j’étais couturière,
Je me suis seulement branlée avec les doigts !
Alors je te connus… Qu’est-ce que je te dois ?
D’avoir quitté pour toi… tout ! Cruche et ma famille !