Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/96

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aventure ; il m’en avoit souvent parlé, et je ne lui avois répondu que ce qu’il est permis à un honnête homme de dire pour faire respecter son goût et prévenir les questions. L’abbé, qui de tous les hommes étoit celui qui avoit la plus mauvaise opinion des femmes, attendu l’espèce de celles avec lesquelles il avoit toujours vécu, n’auroit pas eu grand égard pour milady même ; mais il en avoit pour moi ; c’est pourquoi je m’ouvris à lui dans cette occasion. L’affaire lui parut importante. Tout est parti en Angleterre, et les femmes sont aussi attachées que les hommes à l’un ou à l’autre de ceux qui la divisent ordinairement. Milady étoit tory, et le régent avoit intérêt dans ce moment de les ménager. L’abbé, qui sentit la conséquence d’un éclat causé par un François dans les circonstances présentes de sa négociation, ne négligea rien pour m’engager à repasser promptement en France. Je lui représentai les risques de mon retour sans avoir accommodé mon affaire. Il m’offrit une lettre pour M. le duc d’Orléans, et m’assura que ce prince feroit terminer mon affaire à ma satisfaction. Il ajouta même les menaces, voyant que je balançois à suivre ses conseils ; et les menaces de la politique sont assez communément sérieuses. En un mot, l’abbé me força de partir sans voir milady, et me permit simplement de lui é-