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LES CONSÉQUENCES DU 18 FRUCTIDOR

séculier. Après une courte émigration, le cardinal de Franckenberg avait réintégré son palais de Malines. Le fameux van Eupen résidait au su de tout le monde à Anvers. La loi du 7 vendémiaire an IV, léguée par la Convention à ses successeurs comme code de police en matière religieuse, n’avait pas été imposée à la Belgique. Le port du costume ecclésiastique n’y avait été interdit que le 6 décembre 1796. C’est seulement le 27 janvier 1797 que le gouvernement s’était décidé à aller plus loin et à imposer aux ministres des cultes l’obligation de reconnaître comme souverain l’universalité des citoyens français et de promettre soumission et obéissance aux lois de la République. Mais le revirement général de l’opinion en faveur des modérés, bientôt suivi du triomphe de ceux-ci aux élections de germinal, avait aussitôt empêché l’exécution de cette mesure.

La persécution religieuse qui débuta en fructidor ne fut pas un simple retour à celle dont la Terreur avait marqué l’apogée. Il n’était plus question de « déchristianiser » la République, et la loi sur la liberté des cultes ne fut pas retirée. Mais l’État prétendit en régler l’exercice et le soumettre étroitement à son intérêt. Il frappa le clergé d’une sorte d’excommunication laïque. Il fallut qu’il cédât à ses injonctions sous peine de voir les églises se fermer et cesser l’administration des sacrements. Tant pis pour les fidèles si le culte souffrait de l’obstination de leurs prêtres à refuser de se courber sous la loi.

Dès le 24 août 1797, le Directoire avait fait publier dans les départements réunis la loi supprimant les confréries et corporations religieuses épargnées l’année précédente, car « un État vraiment libre ne doit souffrir dans son sein aucune corporation, pas même celles qui, vouées à l’enseignement public, ont bien mérité de la patrie ». Une semaine plus tard, le 31 août, il y promulgait la loi du 7 vendémiaire an IV (29 septembre 1795) qu’il avait hésité jusqu’alors à y introduire. Elle reconnaissait, en effet, la liberté des cultes d’une manière qui devait paraître intolérable aux catholiques, dans un pays où leur religion avait joui jusqu’alors d’une influence