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LE CONCORDAT

en partie plus anciens, en partie nouveaux, les patentes, la contribution mobilière et la contribution sur les portes et fenêtres, existaient à côté de lui. Mais l’Empire développa surtout les impôts indirects frappés sur les boissons, vins, cidres, bières et eaux-de-vie et qui devinrent si odieux au peuple sous le nom de « droits réunis ». Le monopole des tabacs fut aussi une source précieuse de revenus pour le trésor. Les administrations de l’enregistrement et du timbre continuèrent naturellement à exister. Quant aux douanes, elles évoluèrent dans une direction de plus en plus protectionniste pour arriver enfin, avec le blocus continental, à la prohibition presque absolue.

Plus que le calme et la stabilité, ce qui acheva de concilier les Belges au nouveau régime, ce fut le retour de la paix religieuse. En fait, après le coup d’État de brumaire, la persécution s’était interrompue. Des arrêtés remettaient à la disposition du culte les églises non aliénées par les communes ; les serments exigés des prêtres étaient remplacés par une simple promesse de fidélité à la constitution ; les autorités laissaient de plus en plus libre la célébration des offices. Pourtant, on se méfiait encore. D’Emmerich, l’archevêque de Malines engageait le clergé à ne rien promettre au gouvernement.

Une nouvelle guerre de brochures mettait aux prises les intransigeants et les opportunistes. Mais cette agitation même était un symptôme de la tolérance du pouvoir. D’ailleurs, elle n’avait pour cause que le scrupule de se conformer en tout aux directions du Saint-Siège. Lorsqu’on apprit que le pape avait ratifié le Concordat, ce fut un soulagement général. Par cela même que le clergé belge était « ultramontain », il n’avait plus aucune raison de persévérer dans la résistance du moment que Pie VII était d’accord avec Bonaparte. Les survivants de l’épiscopat (c’étaient, outre l’archevêque, les évêques émigrés de Liège et d’Ypres), déférant à l’invitation du pape, s’empressèrent d’envoyer à Rome leur démission.

Depuis la création des nouveaux diocèses sous Philippe II (1559), les circonscriptions ecclésiastiques n’avaient plus été