Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
LES LYCÉES

être organisées soit par les communes, soit par des particuliers. Soumises à l’inspection du gouvernement, elles devaient former la transition entre les lycées et les écoles primaires. Quant à ces dernières, qu’elles soient instituées par les communes ou qu’elles relèvent de l’initiative privée, elles sont déléguées à la surveillance des sous-préfets. En fait, la très grande majorité d’entre elles furent des écoles libres et, partant, des écoles catholiques. Pour les filles, il n’y en eut guère d’autres que celles qu’ouvrirent les religieuses sécularisées par la Révolution.

L’institution de l’Université impériale (10 mai 1806) substitua à ce régime le monopole exclusif de l’État. Désormais, nul ne put ouvrir d’école ni enseigner publiquement, à quelque degré que ce fût, sans en avoir reçu licence en due forme. De même que l’Empire était réparti en circonscriptions militaires, il le fut en « Académies », chacune pourvue de son recteur, subordonné lui-même au Grand Maître siégeant à Paris, et chargé, sous sa direction, d’imprimer à l’enseignement l’esprit « uniforme » dont devait sortir, au profit de l’empereur, « l’unanimité » des sentiments et des volontés. Liège et Bruxelles furent les chefs-lieux des deux Académies qui étendaient leur ressort sur la Belgique. Au reste l’Université, dont l’organisation définitive date de 1811, n’eut pas le temps d’y modifier sensiblement la situation. Elle ne contribua guère qu’à renforcer le mécontentement provoqué par la rupture de Napoléon avec le pape, et tandis qu’aujourd’hui encore elle subsiste en France dans ses traits essentiels, elle ne survécut pas en Belgique aux événements de 1814.

Dans le système napoléonien, il n’existe pas à proprement parler d’enseignement supérieur. La rhétorique des lycées achève la formation de l’esprit. Au delà, il n’y a plus que des écoles spéciales destinées non à la culture de la science mais à l’enseignement professionnel. Tel fut l’école, plus tard faculté de droit, organisée à Bruxelles le 25 mars 1807 et à laquelle fut adjointe, le 5 novembre 1810, une faculté des Lettres destinée à la formation des professeurs des lycées et des collèges. Des écoles de médecine, dues à l’initiative privée et encouragées par les préfets, s’ouvrirent à Gand et à Liège. Des jurys