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GUILLAUME GOUVERNEUR DE LA BELGIQUE

tution déjà établie en Hollande et enfin à assurer aux premiers une « représentation convenable » aux États-Généraux qui se réuniront alternativement tantôt dans une ville belge, tantôt dans une ville hollandaise. Ainsi la force de l’État découlera de son unité, et cette unité sera sauvegardée par les précautions prises pour qu’elle résulte de l’égalité imposée à ses parties. Si l’on déclare commune la dette qui, écrasante en Hollande, est très légère en Belgique, cet inconvénient n’est-il pas largement compensé par le droit qu’auront les Belges de trafiquer aux colonies hollandaises et par l’attribution aux seuls Hollandais des frais résultant de l’entretien des digues ?

On avait enfin réglé l’essentiel. Guillaume était satisfait. La cession du Cap, d’Essequibo, de Demerary et de Berbice à l’Angleterre ne lui paraissait pas payer trop chèrement la couronne qu’il allait ceindre. Il ne lui restait plus qu’à solliciter le Congrès de Vienne pour la délimitation définitive des frontières. En attendant, il obtint le gouvernement de la Belgique auquel il aspirait impatiemment. Le 31 juillet 1814, il venait prendre à Bruxelles la place du baron Vincent. Sa proclamation aux Belges, le 1er  août, leur laissa croire que c’était à eux et non à la Hollande ou pour mieux dire au prince-souverain de la Hollande que les Puissances avaient accordé un « accroissement de territoire ». Mais elle abondait en effusions sincères et la joie du succès y avivait encore la bienveillance des promesses. Guillaume y annonçait la beauté d’un avenir où l’intérêt de l’Europe allait se concilier avec celui de ses sujets « heureux, disait-il, si en multipliant mes titres à votre estime, je parviens à préparer et à faciliter l’union qui doit fixer votre sort et qui me permettra de vous confondre dans un même amour avec un peuple que la nature elle-même semble avoir destiné à former avec ceux de la Belgique un État puissant et prospère »[1].

Pourtant il restait encore des difficultés à vaincre. La Prusse, furieuse d’avoir dû céder devant l’Angleterre, cherchait à prendre sa revanche. Elle parlait de faire entrer les Pays-Bas dans la Confédération germanique. Elle se déclarait opposée à

  1. Journal officiel du gouvernement de la Belgique, t. II, p. 451.