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LE ROYAUME DES PAYS-BAS ET L’EUROPE

La deuxième paix de Paris (20 novembre 1815) ne répondit pas aux espérances de Guillaume. Il en avait attendu un nouvel « accroissement » et tout au moins l’adjonction à son royaume de Charlemont, de Givet, de Condé, de Valenciennes, du Quesnoy et de Maubeuge. Il dut se contenter d’être mis à la portion congrue. L’Europe, à qui il devait tout, ne le voulait pas trop puissant. Le rôle qu’elle lui avait assigné était d’être utile sans pouvoir être dangereux. La prétention de cet ancien Stadhouder à passer pour un prince de droit divin, agaçait les monarques au rang desquels il voulait se hausser. Force lui fut d’accepter ce qu’on lui offrit. Les vainqueurs, plus sévères envers la France qu’ils ne l’avaient été l’année précédente, la ramenaient cette fois à ses limites de 1789. Elle dût céder Philippeville, Marienbourg et Bouillon qui furent adjoints au royaume des Pays-Bas, avec quelques villages jadis détachés du Hainaut et entrés dans le département du Nord. Désormais, la frontière franco-belge ne devait plus subir de remaniements. Elle est restée jusqu’aujourd’hui conforme au tracé qu’elle reçut alors.

Des conventions ultérieures réglèrent en 1816 quelques questions litigieuses. La maison de La Tour d’Auvergne renonça, moyennant une indemnité, aux droits qu’elle revendiquait sur le duché de Bouillon. Des traités passés avec la Prusse (26 juin et 7 octobre) précisèrent, de son côté, les délimitations réservées par le Congrès de Vienne. L’impossibilité de se mettre d’accord sur la possession des mines de zinc de la Vieille Montagne, fit remettre à plus tard une solution. En attendant, Moresnet fut laissé dans l’indivision et jouit en fait d’une sorte de neutralité qui devait se prolonger jusqu’au jour de son attribution à la Belgique par le traité de Versailles en 1919.

Le royaume des Pays-Bas constitué par l’Europe en devenait une pièce essentielle, et son intégrité, liée au système général de l’équilibre politique, devait être garantie à jamais. De l’indemnité de guerre payée par la France, soixante millions furent affectés à la construction des forteresses qui allaient constituer cette barrière dont l’érection était la raison d’être du nouvel État. Le duc de Wellington en inspira le plan