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CHAPITRE II

L’AMALGAME

I

Le royaume des Pays-Bas, en « amalgamant » la Belgique et les Provinces-Unies, reconstituait sur la carte de l’Europe cet État bourguignon dont l’existence avait pris fin avec leur séparation dans les dernières années du XVIe siècle. Il semblait que la tradition interrompue depuis si longtemps se renouât. Il le semblait si bien qu’il fut question un moment de donner le nom de Bourgogne au nouveau royaume[1]. D’elles-mêmes, les idées se reportaient à l’époque glorieuse où sous Philippe le Bon et sous Charles-Quint, les dix-sept provinces avaient étonné l’Europe par leur richesse et l’éclat de leur civilisation. Un tel passé pouvait faire présager un pareil avenir. Dans son discours d’inauguration, le 21 septembre 1815, Guillaume n’avait pas manqué de faire miroiter ces beaux souvenirs aux yeux des Belges. Ce descendant de Guillaume le Taciturne s’y réclamait de Charles-Quint et, par la plus étrange des équivoques, il qualifiait son grand ancêtre d’ « élève de l’Empereur »[2]. Pouvait-on oublier cependant

  1. Gedenkstukken 1813-1815, p. 591. Il est curieux de constater qu’en 1830, quand il fut question de la séparation des deux parties du royaume, Guillaume se demanda s’il ne conviendrait pas d’appeler les provinces du sud « royaume de Bourgogne ou de Belgique ». Gedenkstukken 1825-1830, t. V, p. 342, 346.
  2. De Gerlache, Histoire du royaume des Pays-Bas, t. I, p. 323.