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le roi guillaume

blique batave l’avaient bientôt contraint à un exil qui devait durer dix-neuf ans. Ne pouvant compter sur la Prusse, qui venait de signer la paix avec la France, il se mit d’abord à la remorque de l’Angleterre. En 1799, il prenait part à la malheureuse expédition du Helder. Le dépit qu’il en éprouva contribua sans doute à l’orienter vers le soleil levant, c’est-à-dire vers Bonaparte. Son esprit réaliste était plus sensible à la raison du plus fort qu’au point d’honneur. Les domaines de la maison d’Orange dans le Nassau ayant été conquis par la France, il finit par obtenir en compensation, l’évêché de Fulda, les abbayes de Corvey et de Weingarten avec quelques localités avoisinantes (1802). Mais il s’était bien vite convaincu que l’empereur ne lui sacrifierait pas la République batave et quand, en 1806, la Prusse entra dans la coalition aux côtés de l’Autriche, de la Russie et de l’Angleterre, il se décida à courir de nouveau la chance des alliés. Il refusa d’accéder à la Confédération du Rhin, laissa confisquer ses principautés allemandes et prit du service dans l’armée prussienne. Le coup de foudre d’Iéna le rejeta aux pieds du vainqueur, devant lequel il s’humilia inutilement. L’entrée en guerre de l’Autriche en 1809, lui fut l’occasion d’une nouvelle volte-face. Blessé à la bataille de Wagram et déçu une fois de plus par les événements, il se retira à Berlin, assez dépité de ses déconvenues et du peu de confiance, qu’avec certaine raison, lui témoignaient les alliés.

L’issue de la campagne de Russie ranima son espoir et son énergie. Sous la protection du tsar Alexandre, il revint en Angleterre, et entama avec le cabinet de Saint-James les pourparlers dont devait sortir le royaume des Pays-Bas. La mort de son père, le 9 avril 1806, en le faisant chef de sa maison, lui avait donné une situation politique dont il sut habilement profiter. Le soulèvement de la Hollande après Leipzig acheva de le réhabiliter en le rendant indispensable.

L’adhésion de ses compatriotes l’imposait aux Puissances. Le 30 novembre 1813, il débarquait sur la plage de Scheveningen, accueilli par ce cri d’Oranje boven, qui avait si souvent salué ses ancêtres les Stadhouders.