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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/323

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RENOUVEAU ÉCONOMIQUE

les appréhensions qu’ils avaient soulevées. La contribution personnelle, imposée par la loi du 28 juin 1822, est restée en vigueur après la révolution de 1830. Les impôts sur la mouture (gemaal) et sur l’abatage (geslacht), établis la même année, provoquèrent des clameurs plus violentes encore. Il faut reconnaître qu’ils furent dès le début et restèrent jusqu’au bout une charge très pesante pour les classes inférieures de la population des provinces méridionales et qu’ils fournirent à leurs députés une occasion excellente de rendre leur opposition populaire. Quoi qu’il en soit, la politique de Guillaume aboutit au but qu’il s’était proposé. Le déficit budgétaire des premières années avait disparu en 1826.

Le régime douanier provoqua des discussions aussi passionnées et des critiques aussi acerbes que celui des impôts. Quand, en 1821, le roi adoucit le tarif de 1816 et substitua à son protectionnisme un système plus libéral, les Belges l’accusèrent de trahir les intérêts de leur industrie en faveur du commerce hollandais. De leurs 53 députés présents à la seconde Chambre, 51 votèrent contre la loi « fratricide » qui devait, à les entendre, ruiner les manufactures. Son adoption coïncida au contraire avec une recrudescence de leur activité. D’excellentes mesures montrèrent que le gouvernement, au lieu de les abandonner, les entourait d’une sollicitude dont l’octroi de subsides et de crédits aux entreprises industrielles et la fondation de la Société Générale, sont les marques les plus significatives. L’agriculture se ressentit également de l’initiative gouvernementale. Le commerce des grains fut organisé de manière à avantager autant que possible les producteurs belges, sans exclure pourtant l’importation étrangère indispensable au trafic des ports hollandais. Enfin, des travaux publics conçus suivant un plan d’ensemble galvanisèrent, à mesure de leur réalisation, un mouvement économique qui, jusqu’à la séparation des deux parties du royaume, s’amplifia d’année en année.

Le syndicat d’amortissement, créé en 1822, et qui devait plus tard fournir à l’opposition tant de griefs contre le roi, se fit accepter tout d’abord par la facilité qu’il offrait aux