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LA BELGIQUE DE 1815 À 1830

ment construite qu’elle fut capable de traverser sans faiblir toutes les vicissitudes et qu’aujourd’hui encore elle reste l’un des premiers établissements financiers du pays. Deux ans après sa naissance, Guillaume lui donna une sœur. La Nederlandsche Handelmaatschappij, établie à La Haye le 29 mars 1824, au capital de 12 millions de florins, eut surtout pour but de favoriser l’exportation, spécialement l’exportation vers les Indes, et de promouvoir tout à la fois, en les fécondant l’un par l’autre, le commerce hollandais et l’industrie belge[1].

Celle-ci répondit brillamment aux espoirs et à l’initiative du roi. À partir de 1825, elle se développe avec une rapidité qui commence à inquiéter l’Angleterre elle-même. Les fabriques sont surchargées de commandes et il s’en fonde partout de nouvelles. On estime que Gand, en 1830, compte plus de 30,000 ouvriers répartis en quatre-vingts usines, filatures de coton, fabriques d’indiennes, blanchisseries de lin. La confection des étoffes de coton auxquelles les colonies hollandaises fournissent un débouché inépuisable, attire de préférence les entrepreneurs[2]. Elle est pratiquée non seulement à Lokeren et à Saint-Nicolas, où elle s’était déjà introduite sous l’Empire, mais elle pénètre encore à Courtrai et aux environs de Bruxelles. À l’autre extrémité du pays, la draperie verviétoise, après une décadence momentanée, reprend une nouvelle vigueur. La métallurgie grandit dans le pays de Liège, dans le Namurois, dans le Hainaut. Partout l’outillage se perfectionne. L’emploi des machines à vapeur se généralise. Elles sortent de plus en plus nombreuses des établissements Cockerill, en même temps que les mécaniques servant à filer la laine et le coton, ou à tondre les étoffes. Vers 1823, la création de la société Le Phœnix fournit à la région gantoise un grand atelier de constructions mécaniques[3]. L’activité des manufactures suscite

  1. W. M. Mansvelt, Geschiedenis van de Nederlandsche Handelmaatschappij, t. I (Harlem, 1924).
  2. À Gand, de 1823 à 1825, on établit onze nouvelles filatures de coton P Claeys, Mémorial, p. 456.
  3. En 1829, on estime qu’il y a soixante machines à vapeur dans la Flandre Orientale, dont cinquante à Gand. P. Claeys, Mémorial, p. 507.